Le Panzer-cardinal a frappré (I).
On ne devient pas Pape par hasard. Il faut, pour cela, outre de longues, longues études théologiques, un certain nombre de qualités et aussi pas mal de défauts ... J'avoue que, côté papelardise, insolence, tartufferie et jésuitisme, Benoît XVI a fait fort :
Le pape Benoît XVI, qui a évoqué mardi lors d'un discours à
l'Université de Ratisbonne (sud de l'Allemagne, Regensburg en allemand)
le rapport entre raison et violence dans la religion musulmane, s'est
référé à cette occasion à un livre de l'empereur byzantin Manuel II
Paléologue (1350-1425).
Dans cet ouvrage, "Entretiens
avec un musulman, 7e Controverse", présenté et publié dans les années
1960 par le théologien allemand d'origine libanaise Théodore Khoury
(Université de Münster, ouest), l'empereur expose le dialogue qu'il a entretenu, probablement entre 1394 et 1402, avec un Persan musulman érudit.
Commentant des passages de cette "7e Controverse", l'ancien professeur de théologie Benoît XVI s'est livré à une réflexion sur le rapport entre foi, raison et violence, dans le christianisme et dans l'islam.
Voici
des extraits de son intervention, selon une traduction française de
l'AFP à partir du texte allemand fourni par le Vatican.
"Le
dialogue repose sur tout le concept de la foi décrit dans la Bible et
le Coran et porte en particulier sur les images de Dieu et de l'homme,
tout en revenant nécessairement sans cesse sur le rapport entre ce
qu'on appelle les "trois lois": l'Ancien Testament, le Nouveau
Testament et le Coran.
"Dans ce discours, je voudrais seulement
aborder un point -- plutôt marginal dans le dialogue -- qui m'a
captivé, en rapport avec le thème de la foi et de la raison, et qui me
sert de point de départ pour mes réflexions sur ce thème.
"Dans la septième Controverse éditée par le professeur Khoury, l'empereur aborde le thème du Jihad (la Guerre sainte).
L'empereur devait savoir que la sourate 2-256 dit: "Il n'est nulle
contrainte en matière de foi" -- selon les spécialistes, c'est l'une
des premières sourates, datant de l'époque où Mahomet était encore sans
pouvoir et menacé.
"Mais l'empereur connaissait
aussi naturellement les commandements sur la Guerre sainte contenus
(...) dans le Coran. Sans s'attarder sur des détails, comme la
différence de traitement entre les "croyants" et les "infidèles", il
pose à son interlocuteur, d'une manière étonnamment abrupte pour nous,
la question centrale du rapport entre religion et violence.
"Il lui dit: "Montre-moi
donc ce que Mahomet a apporté de nouveau. Tu ne trouveras que des
choses mauvaises et inhumaines, comme le droit de défendre par l'épée
la foi qu'il prêchait".
"L'empereur, après avoir tenu des propos si forts, explique ensuite en détails pourquoi il est absurde de diffuser la foi par la violence.
Une telle violence est contraire à la nature de Dieu et à la nature de
l'âme: "Dieu n'aime pas le sang et agir de manière déraisonnable est
contraire à la nature de Dieu. La foi est le fruit de l'âme et non du
corps. Celui qui veut donc conduire quelqu'un vers la foi doit être
capable de parler bien et de penser juste, et non de violence et de
menace... Pour convaincre une âme raisonnable, on n'a pas
besoin de son bras, ni d'armes, ni d'un quelconque moyen par lequel on
peut menacer quelqu'un de mort...".
"La phrase décisive dans cette argumentation contre la conversion par la violence, c'est: "Agir de manière déraisonnable est contraire à la nature de Dieu".
"L'éditeur,
Théodore Khoury, commente à ce propos: pour l'empereur, un Byzantin
éduqué dans la philosophie grecque, cette phrase est évidente. En
revanche, pour la doctrine musulmane, Dieu est absolument non
transcendant. Sa volonté n'est liée à aucune de nos catégories, pas même celle de la raison.
"Khoury
cite à ce propos un travail du célèbre islamologue français (Roger)
Arnaldez (ndlr: décédé en avril dernier), qui souligne que Ibn
Hazm (ndlr: un théologien musulman des Xe et XIe siècles) est allé
jusqu'à expliquer que Dieu n'est même pas lié par sa propre parole, que
rien ne l'oblige à nous révéler la vérité. S'il le souhaitait, l'homme
devrait même se livrer à l'idôlatrie". (Sources : I/A)
C'est
admirable ! Je déteste le Vatican et la Papauté mais franchement, là,
il faut s'incliner bien bas : depuis le temps que les islamistes nous
provoquent sans subtilité aucune en parlant des "Croisés occidentaux
alliés aux Sionistes" et en posant des bombes, il fallait bien que ça
arrive.
Mais jamais je n'aurais cru que Benoît XVI avait suffisamment de cran pour ça. ;o)