Quelques points sur quelques "i."
Comme je l'écrivais ce matin encore à un ami qui se montre désespéré par l'idée que Ségolène Royal ne puisse pas être élue, ce n'est pas parce que Sarkozy passera
qu'on tombera dans une société à la Big Brother.
Cet ami évoquait les règlements de compte qui surviendront comme
si, en 1981, lorsque la gauche a pris le pouvoir pour la première fois
depuis la création de la Vème République, il n'y en avait eu aucun. Comme il a - à peu de choses près - le même âge que moi, il sait pourtant que
c'est faux et que, des réglements de compte, il y en a eu, et beaucoup, en 1981.
Mais je ne vais pas dire que c'est parce que ces gens-là
étaient de gauche. Non, c'est parce que c'étaient des êtres humains,
tout simplement. Et que ce genre de procédé est hélas ! dans la nature
humaine, et ceci sur n'importe quel point du globe.
Il voit Sarkozy en démon et en fasciste, c'est son droit mais tout le monde ne partage pas cet avis. Quand
on pense que la gauche (et une certaine partie de la droite après
l'affaire d'Algérie) affirmaient que De Gaulle - De Gaulle, qui ETAIT
la Résistance, qui a donné le droit de vote aux femmes, qui a institué
le suffrage universel et qui a sorti notre pays du bourbier où le
ramassis de la IVème (avec François Mitterrand comme ministre de
l'Intérieur) l'avait fourré - oui, ce De Gaulle-là était un
"dictateur," on est en droit aujourd'hui de se poser des questions sur
le discours qu'elle tient envers Sarko.
Non que je compare celui-ci à De Gaulle, loin de moi cette idée. Mais je constate que la
Gauche n'a pas su (ou pu ? ou voulu ?) renouveler les arguments qui lui
servent depuis la fin de la Seconde guerre mondiale alors que la
situation internationale, les technologies, le monde entier se
transformaient. Aujourd'hui, elle s'apprête à en payer le prix dans
notre pays. Depuis le coup de semonce terrible envoyé le 21 avril 2002,
les électeurs, parmi lesquels nombre des siens, lui ont laissé pourtant
cinq ans pour tenter de se rattraper. Et qu'a-t-elle fait ? RIEN. Elle
persiste et signe dans un discours dépassé. Peut-on reprocher à
Sarkozy, lui, de n'avoir pas perdu son temps ? Certainement pas.
C'était de bonne guerre.
Toujours en ce qui concerne la
diabolisation forcenée de Sarkozy, de la droite (j'écris bien de la
droite) et de ses électeurs : si Sarkozy est élu dimanche-soir
et s'il y a des scènes de violence, cela prouvera , je le
répète, que le fascisme n'est pas là où on le suppose et ensuite que la
Gauche, et notamment le Parti socialiste, font le lit de la violence en
France dans le but de confisquer le pouvoir.
La
Gauche, et tout spécialement le P.S., a fondé sa campagne sur la
diabolisation d'un homme. Peu importe ce qu'est exactement cet homme :
pareille stratégie est suicidaire. La Gauche a très mal agi envers ses
électeurs en ne lui fournissant qu'un programme plus que vague où
traînent deux ou trois bonnes idées. Il faut dire que la
Gauche n'a plus de fédérateur. Mais ce manque cruel, on ne peut
certainement pas le reprocher à la droite ou à ses électeurs.
Le
F.N. a perdu nombre de voix cette fois-ci parce que ses électeurs ne
veulent pas entendre parler du communautarisme et que Le Pen, sur des
conseils imbéciles, avait fait des appels du pied à des intégristes
religieux autres que sa fournée de cagots cathos habituels. Pour le
P.C., cela fait longtemps que la dégringolade est commencée. Pourquoi ?
Parce que les militants communistes, la base, ne veulent pas non plus
de ces communautarismes.
Ce que la Gauche
actuelle a oublié, c'est que la haine des religions est, au départ, une
haine "rouge." La Gauche française actuelle a renié tous les jours les
principes républicains de la Révolution de 1789 et elle est en train
d'en mourir. Doit-on la plaindre ? Non car, quand on renie une mère qui
a tout fait pour vous, c'est que, franchement, on est le dernier des
derniers. Et ce qui vaut pour un homme ou une femme est encore plus
vrai pour un parti politique.
Le principe républicain français
de base vise à l'universalité de la révolution dans un rejet absolu des
clergés et des catégories privilégiées. Or, le P.S. et ses huiles ne
sont qu'un parti de privilégiés - un de plus - qui se barricade
derrière "la différence culturelle" pour justifier la ruine de la
laïcité républicaine.
Si Sarko, tout au long de son
parcours, n'a cessé de tirer des leçons des erreurs qu'il a commises,
je n'ai vu, au parti socialiste, pendant les cinq dernières années et
dans cette campagne, qu'arrogance de nantis et oubli de la base. Je ne
suis pas la seule à penser ainsi et, en ce sens, on peut dire
que le Parti socialiste et les discours dépassés de la gauche seront
paradoxalement pour beaucoup dans la victoire future - si elle survient
- de M. Sarkozy.