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Le Canard Mal-Pensant
4 mai 2007

Quelques points sur quelques "i."

Comme je l'écrivais ce matin encore à un ami qui se montre désespéré par l'idée que Ségolène Royal ne puisse pas être élue, ce n'est pas parce que Sarkozy passera qu'on tombera dans une société à la Big Brother.

Cet ami évoquait les règlements de compte qui surviendront comme si, en 1981, lorsque la gauche a pris le pouvoir pour la première fois depuis la création de la Vème République, il n'y en avait eu aucun. Comme il a - à peu de choses près - le même âge que moi, il sait pourtant que c'est faux et que, des réglements de compte, il y en a eu, et beaucoup, en 1981.

Mais je ne vais pas dire que c'est parce que ces gens-là étaient de gauche. Non, c'est parce que c'étaient des êtres humains, tout simplement. Et que ce genre de procédé est hélas ! dans la nature humaine, et ceci sur n'importe quel point du globe.

Il voit Sarkozy en démon et en fasciste, c'est son droit mais tout le monde ne partage pas cet avis. Quand on pense que la gauche (et une certaine partie de la droite après l'affaire d'Algérie) affirmaient que De Gaulle - De Gaulle, qui ETAIT la Résistance, qui a donné le droit de vote aux femmes, qui a institué le suffrage universel et qui a sorti notre pays du bourbier où le ramassis de la IVème (avec François Mitterrand comme ministre de l'Intérieur) l'avait fourré - oui, ce De Gaulle-là était un "dictateur," on est en droit aujourd'hui de se poser des questions sur le discours qu'elle tient envers Sarko.

Non que je compare celui-ci à De Gaulle, loin de moi cette idée. Mais je constate que la Gauche n'a pas su (ou pu ? ou voulu ?) renouveler les arguments qui lui servent depuis la fin de la Seconde guerre mondiale alors que la situation internationale, les technologies, le monde entier se transformaient. Aujourd'hui, elle s'apprête à en payer le prix dans notre pays. Depuis le coup de semonce terrible envoyé le 21 avril 2002, les électeurs, parmi lesquels nombre des siens, lui ont laissé pourtant cinq ans pour tenter de se rattraper. Et qu'a-t-elle fait ? RIEN. Elle persiste et signe dans un discours dépassé. Peut-on reprocher à Sarkozy, lui, de n'avoir pas perdu son temps ? Certainement pas. C'était de bonne guerre.

Toujours en ce qui concerne la diabolisation forcenée de Sarkozy, de la droite (j'écris bien de la droite) et de ses électeurs : si Sarkozy est élu dimanche-soir et s'il y a des scènes de violence, cela prouvera , je le répète, que le fascisme n'est pas là où on le suppose et ensuite que la Gauche, et notamment le Parti socialiste, font le lit de la violence en France dans le but de confisquer le pouvoir.

La Gauche, et tout spécialement le P.S., a fondé sa campagne sur la diabolisation d'un homme. Peu importe ce qu'est exactement cet homme : pareille stratégie est suicidaire. La Gauche a très mal agi envers ses électeurs en ne lui fournissant qu'un programme plus que vague où traînent deux ou trois bonnes idées. Il faut dire que la Gauche n'a plus de fédérateur. Mais ce manque cruel, on ne peut certainement pas le reprocher à la droite ou à ses électeurs.

Le F.N. a perdu nombre de voix cette fois-ci parce que ses électeurs ne veulent pas entendre parler du communautarisme et que Le Pen, sur des conseils imbéciles, avait fait des appels du pied à des intégristes religieux autres que sa fournée de cagots cathos habituels. Pour le P.C., cela fait longtemps que la dégringolade est commencée. Pourquoi ? Parce que les militants communistes, la base, ne veulent pas non plus de ces communautarismes.

Ce que la Gauche actuelle a oublié, c'est que la haine des religions est, au départ, une haine "rouge." La Gauche française actuelle a renié tous les jours les principes républicains de la Révolution de 1789 et elle est en train d'en mourir. Doit-on la plaindre ? Non car, quand on renie une mère qui a tout fait pour vous, c'est que, franchement, on est le dernier des derniers. Et ce qui vaut pour un homme ou une femme est encore plus vrai pour un parti politique.

Le principe républicain français de base vise à l'universalité de la révolution dans un rejet absolu des clergés et des catégories privilégiées. Or, le P.S. et ses huiles ne sont qu'un parti de privilégiés - un de plus - qui se barricade derrière "la différence culturelle" pour justifier la ruine de la laïcité républicaine.

Si Sarko, tout au long de son parcours, n'a cessé de tirer des leçons des erreurs qu'il a commises, je n'ai vu, au parti socialiste, pendant les cinq dernières années et dans cette campagne, qu'arrogance de nantis et oubli de la base. Je ne suis pas la seule à penser ainsi et, en ce sens, on peut dire que le Parti socialiste et les discours dépassés de la gauche seront paradoxalement pour beaucoup dans la victoire future - si elle survient - de M. Sarkozy.

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Commentaires
E
Bonne vision de ce lamentable status-quo idéologique qui gangrène le PS et l'empèche de grandir avec son époque. Et ce ne sont pas les élucubrations de sa candidate ni les refreins de Renaud ou Cali qui changeront quoi que ce soit..<br /> A plus.
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