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Le Canard Mal-Pensant
7 février 2006

A méditer.

Article de l'AFP et de Yahoo-Actu :

 

Caricaturistes de presse dans les Territoires palestiniens ou en Israël, Baha, Omayya et Amos assurent pouvoir se moquer de tout. Mais, pour des raisons différentes, surtout pas de Mahomet.

 

 

De leurs tables à dessins à Ramallah, Gaza et Tel-Aviv ils assistent, sidérés et critiques, au déchaînement de violence provoqué par la publication, au Danemark puis en Europe, des caricatures du prophète.

 

A 62 ans, Baha Boukhari, dessinateur vedette du quotidien palestinien Al-Ayyam, assure n'avoir "pas une seule fois fait une quelconque référence à la religion. Aucune religion. Il y a des extrémistes chez les musulmans, les chrétiens et les juifs. Il ne faut pas les provoquer".

 

Dans le petit studio attenant à son appartement de Ramallah, cet ami du français Plantu travaille au dessin du jour, qu'il transmettra, à minuit au plus tard, par courriel au journal. Son fameux petit personnage, Abou al-Abed, symbolise le peuple palestinien. "Il faut surtout dire que d'un strict point de vue artistique, ces dessins danois sont très mauvais. Ils ne méritent pas tout ce fracas".

 

"A propos de l'islam, j'en ai vu de pires. Il y a des arrière-pensées politiques derrière tout cela. Les manifestations sont organisées. Très peu de monde au Moyen-Orient a vraiment vu ces dessins. Ceux qui descendent dans la rue, à Damas, Téhéran ou Beyrouth, sont des gens simples. Ils écoutent les prêches et courent dans la rue. C'est très mauvais".

 

A Gaza, Omayya Joha, 33 ans, a une vision beaucoup plus militante de son art: dessinatrice pour le journal Al-Hayat Al-Jadida, elle est la veuve d'un membre de la branche armée du mouvement islamiste Hamas, tué par l'armée israélienne. Dans l'édition de lundi, le Danemark est représenté par une tête de diable blanche et rouge, avec un serpent en guise de langue. Quelques jours plus tôt, elle avait représenté la tête du Premier ministre danois écrasée par un gigantesque pied vert marqué "Islamic World". Elle est célèbre (et controversée) pour ses représentations, à la limite de l'anti-sémitisme, des Israéliens.

 

"Je réprouve les attaques contre les ambassades: notre prophète l'interdit. Mais j'espère que le Danemark va s'excuser auprès des musulmans du monde entier et que tout cela va se terminer", dit-elle. "Nous sommes très en colère contre le Danemark: j'ai déjà fait six dessins pour l'illustrer. Je combats, à ma manière, pour mon prophète et ma religion. Je n'attaque par les juifs parce qu'ils sont juifs, leur prophète est le frère de notre prophète Mahomet, mais parce qu'ils tuent notre peuple et ont volé notre terre".

 

L'israélien Amos Biderman, dessinateur pour le quotidien Haaretz, évite lui aussi de croquer Mahomet. Pas parce qu'il en fait un tabou. Parce qu'il a peur. "J'ai des enfants, je dois protéger ma vie et ma famille", explique-t-il. "Comme vous pouvez le constater, ces gens ont assez peu le sens de l'humour. Vous vous souvenez de Salman Rushdie ? De Theo Van Gogh ? Les musulmans sont capables de brûler la moitié de la planète pour un dessin stupide". "Ces caricatures étaient médiocres, mais ce n'est pas la question. Je n'oserais jamais dessiner Mahomet. J'ai peur, voilà tout. J'ai déjà fait parler Jésus sur la croix, pour la sortie du film de Mel Gibson, il n'y a eu aucun problème".

 

Pour illustrer le fait que, selon lui, la presse arabe a l'indignation sélective et publie régulièrement des dessins anti-sémites sans que personne hors d'Israël ne s'en émeuve, il a représenté, dans l'édition de lundi, le rédacteur en chef d'un journal baptisé "Al-Joumhouriya". Il tient dans la main le portrait d'un rabbin au nez crochu, assis sur un tas de dollars, drapeau israélien à la main et chapeau frappé de la croix gammée sur la tête. Il s'adresse à son dessinateur: "Excellent dessin, Ahmed".

 

Ce n'est pas en obéissant aux diktats des intégristes, quels qu'ils soient, qu'on fera avancer la cause des droits de l'Homme dans le monde, encore moins ceux de la femme. Il est clair que ces gens protestent parce qu'on les a manipulés, comme il y a trois siècles, l'église catholique manipulait les foules en France. Ils n'ont aucune idée réelle de ce contre quoi ils protestent. Eux, qui réclament la tolérance, parlent tout de suite de meurtres et de massacres lorsqu'on ose publier un seul petit dessin parlant en fait de religion. En revanche, toutes les voix qui s'élèvent en faveur de la liberté d'expression, sont taxées de racisme par les intolérants. Il faut arrêter les frais : trop, c'est trop !

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