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Le Canard Mal-Pensant
24 février 2006

Le gendarme était blanc.

La mort du gendarme Raphaël Clin, 31 ans, sur l'Île de Saint-Martin, soulève l'indignation. Parce que la manière dont il a été fauché par un motard n'exclut pas l'acte intentionnel.

Mais aussi parce que les témoins du drame se seraient comportés d'une manière inqualifiable. En effet, au lieu de lui porter assistance et d'appeler les secours, ces derniers, qui participaient à un rassemblement sauvage de jeunes usagers de deux-roues, ont copieusement insulté le militaire qui agonisait sur la chaussée. Ils se seraient même réjouis d'avoir "eu un gendarme".

 

L'émotion est grande sur l'Île de Saint-Martin - une dépendance de la Guadeloupe, administrée par la France pour une partie, par la Hollande pour l'autre. Mais aussi en France, et tout particulièrement dans la région grenobloise où le gendarme Clin avait été en poste de 1997 à 2004, et où il espérait d'ailleurs revenir, car il adorait la montagne.

 

Fils d'un gendarme originaire du Nord, Raphaël était né dans la région parisienne. Il avait été élève au Prytanée militaire de la Flèche (Sarthe). C'est dans cette région qu'il a rencontré son épouse Stéphanie. À la sortie de l'école de la gendarmerie, en 1997, il avait été affecté à la brigade territoriale de Grenoble. "C'était un collègue d'une droiture et d'un calme remarquables. Il analysait très vite les situations sans jamais perdre son sang-froid. Passionné par son métier, il avait brillamment passé le concours d'officier de police judiciaire, ce qui devait lui permettre d'accéder au grade supérieur. Il se réjouissait d'avoir été désigné pour effectuer un séjour outre-mer de trois ans. C'était un antiraciste convaincu", dit le gendarme Salvatore Insera, de la brigade de Goncelin (Isère), qui fut l'un de ses mentors à Grenoble.

 

Malheureusement, il avait été confronté à une réalité difficile dés son arrivée sur l'île. Quelques jours avant Noël, il confiait à son ami que le travail devenait de plus en plus difficile en raison de l'hostilité affichée des autochtones vis à vis des militaires. En outre, la mort d'un gendarme-adjoint dans un accident de la circulation avait endeuillé la brigade de Marigot. Un climat empoisonné.

 

Le ministre de la Défense a saisi le Garde des Sceaux sur la nécessité d'examiner les responsabilités dans le drame du 12 février et de qualifier pénalement les comportements constatés : homicide, non assistance à personne en péril, apologie de crime et délit, provocation à la haine et à la discrimination raciales.

 

Plusieurs associations ont condamné l'attitude des témoins du drame, soulignant que le racisme n'est pas à sens unique.

 

Raphaël Clin a été élevé au grade de major et décoré de la médaille d'honneur de la gendarmerie à titre posthume. Après une cérémonie officielle en Guadeloupe, il a été inhumé à la Flèche.

 

En attendant d'être rapatriée avec sa fille, née à Grenoble il y a 4 ans, son épouse a repris son travail d'assistante maternelle dans une école de Saint-Martin : pour elle c'est le meilleur moyen de faire face. Car, si elle ne croit pas à l'acte volontaire du motard, elle est sous le choc du comportement, pas seulement des jeunes, mais, pire, des personnels de santé. "Mon mari et son collègue se sont retrouvés bien isolés en arrivant sur ce "run motos" qui rassemblait cent ou deux cents personnes. Sur place c'était terrible, sans doute. Mais pour moi il y a eu pire : quand je suis arrivé à l'hôpital, le personnel se réjouissait de la mort d'un blanc ! C'était atroce de voir ainsi exulter des gens dont la mission est pourtant de secourir. Et la mort un échec..." (Sources : Le Dauphiné libéré).

 

Il ne semble pas que M. Aounit, la Crif, la Licra, etc ... se soient exprimés sur la question. Mais peut-être fais-je erreur ... En tous cas, quelle discrétion alors qu'ils n'arrêtent pas de réclamer la tête de l'assassin présumé (parce que, pour l'instant, rien n'est prouvé) d'Ilan Halimi ...

Je me pose à nouveau la question : la victime d'un meurtre est-elle plus honorable et plus digne de justice selon qu'elle appartient à telle ou telle autre communauté ? Si oui, n'est-ce pas là le degré suprême du racisme ?


Si non, pourquoi l'affaire Clin n'a-t-elle pas été aussi médiatisée que l'affaire Halimi ?

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