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Le Canard Mal-Pensant
29 avril 2007

La laïcité menacée en Turquie.

"Issu de la mouvance islamiste, Abdullah Gül, ministre turc des Affaires étrangères, n'entend pas retirer sa candidature à l'élection présidentielle, malgré les pressions de l'armée et une nouvelle manifestation monstre de partisans de la laïcité dimanche à Istanbul.

"Le processus (d'élection d'un président) a débuté et va se poursuivre (...). Il n'est pas question que ma candidature soit retirée", a-t-il dit à des journalistes à la télévision.

Après un premier tour de scrutin vendredi au Parlement, qui n'a pas permis de désigner le nouveau chef de l'Etat à cause du boycottage des députés de l'opposition, un deuxième vote sera, en principe, organisé mercredi.

Dans la cité du Bosphore, un million de personnes, selon des témoins, se sont rassemblées dimanche sur la place Caglayan pour dire leur crainte que l'élection du candidat de l'AKP, qui dispose de la majorité à l'assemblée, ne marque le début de la fin pour la Turquie moderne voulue par Mustafa Kemal.

Agitant des drapeaux turcs et des affiches portant des slogans anti-gouvernementaux, les manifestants ont de nouveau réclamé que l'AKP (Parti pour la justice et le développement) renonce à faire de Gül le chef de l'Etat.

"La Turquie est laïque et le restera", a scandé le cortège qui a défilé dans les rues de la première ville du pays. "Tous unis contre la loi de la charia", ont répété les manifestants, en faisant référence à la loi coranique qu'ils refusent de voir imposer un jour en Turquie.

"Nous sommes ici pour protéger la République. Nous ne faisons pas confiance à ce gouvernement, nous savons d'où il vient. Ils veulent mettre en place une République islamique", a déclaré Irfan Kadim, un cadre de 35 ans.

"Nous sommes un pays musulman mais nous ne voulons pas vivre comme en Iran, a expliqué Ipek Hamzaoglu, un étudiant de 18 ans.

Vendredi, les militaires turcs, qui ont mené quatre coups d'Etat en cinquante ans et se considèrent comme les garants des institutions laïques, ont également fait part de leur "inquiétude", dans un communiqué en forme de mise en garde.

Le Premier ministre Tayyip Erdogan, qui a finalement renoncé à se présenter à la présidence, et son poulain Gül démentent, eux, vouloir faire de la Turquie un Etat islamiste.

Ils rappellent qu'ils sont au pouvoir depuis près de cinq ans, période marquée par une forte croissance économique, et qu'ils ont engagé les discussions en vue de l'adhésion du pays à l'Union européenne, signe de leur volonté d'ouverture.

Le gouvernement, appuyé par l'UE, a appelé les militaires à ne pas se mêler de politique.

La manifestation d'Istanbul rappelle celle qui a rassemblé il y a deux semaines à Ankara plus de 400.000 personnes qui dénonçaient les velléités d'Erdogan de briguer la magistrature suprême.

Le Parti républicain du peuple (CHP), principale formation laïque d'opposition, a saisi la Cour constitutionnelle pour obtenir l'invalidation du premier tour de scrutin vendredi dernier. Cette demande sera examinée lundi mais on ignore si la décision sera rendue le même jour.

Si la Cour donne raison au CHP, Erdogan devra convoquer des élections législatives anticipées dans un délai de 90 jours. Le chef de l'Etat sortant, le laïque Ahmet Necdet Sezer, conserverait ses fonctions à titre provisoire dans l'attente de l'élection de son successeur par la nouvelle assemblée.

Dimanche, la plus grande organisation patronale turque, Tusiad, s'est prononcée pour des élections anticipées. "Pour préserver les principes inséparables de la démocratie et de la laïcité, des élections législatives anticipées sont indispensables", a déclaré la centrale patronale dans un communiqué cité par les chaînes de télévision.

Si, en revanche, la Cour donne raison au gouvernement, Gül devrait l'emporter au troisième tour, fixé au 9 mai, car alors, il n'aura besoin que de la majorité simple, soit 276 voix, ce que l'AKP peut obtenir sans aucun problème. (Sources : Y/A)"

Souhaitons, pour le peuple turque, que Gül soit mis en échec. En tous cas, cela fait chaud au coeur de voir un peuple de confession musulmane se réclamer aussi fort du principe de la laïcité.

 

 

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