Clichy-sous-Bois ou Comment récupérer la Mort.
Comme vous le savez, deux mineurs (15
et 16 ans) sont morts la semaine dernière à Clichy-sous-Bois après
s'être dissimulés dans un transformateur EDF. Leur compagnon est
gravement blessé.
On ne peut que déplorer de voir deux
vies aussi jeunes perdues de façon aussi atroce et s'associer à la
douleur des familles - et spécialement, des mères de ces enfants.
A la rigueur, étant donné la lamentable ghettoïsation à laquelle l'Etat français, dès les années 60, a abandonné les populations immigrées maghrébines, on peut comprendre les réactions violentes engendrées par l'apparition des forces policières dans ces banlieues. Tout en faisant remarquer au passage que, en l'absence de toute politique cohérente sur la question, les policiers restent les seuls que l'Etat envoie là-bas à la castagne et qu'il est en conséquence un peu trop facile de les désigner, eux et eux seuls, à la vindicte publique.
Cependant, on ne peut absolument pas comprendre pourquoi les pompiers qui ont dégagé les trois adolescents ont été pris à parti par les émeutiers, leur camions et leur matériel atteints par des jets de pierres. On comprend encore moins pourquoi les émeutiers s'en sont pris également aux camionnettes du centre postal voisin.
Et comment comprendre l'extension de toutes ces violences à d'autres villes du 93 ?
A croire que, parmi ces jeunes, se trouvaient des personnes bien plus âgées qui, tout comme elles utilisent depuis des lustres le nom d'un Dieu supposé pour se réserver le Pouvoir et l'Argent, ont utilisé cette fois-ci la mort de ces deux enfants pour donner à cette révolte des reflets encore plus sanglants dont tout républicain doit, avec raison, s'inquiéter.
Honte à ces manipulateurs de la
détresse qui, dans cette affaire, ne valent pas mieux qu'un Nicolas
Sarkozy alternant le bâton et la caresse avec les habitants des
banlieues. Honte à l'Etat qui se doit de protéger tous ces citoyens et
qui, en cette affaire, aucune interpellation n'ayant été faite, laisse
le champ libre à l'Emeute et au cortège qu'elle a de tous temps, et
dans tous les pays, traîné à ses basques : la haine et la guerre
civiles.
Honte enfin à M. Hollande qui, oubliant
toute dignité (comme tant d'autres) dans sa course à la présidentielle
de 2007, appelle à "la tolérance zéro envers Nicolas Sarkozy." Est-il
assez sot pour ne pas se rendre compte que son invective pourrait
représenter pour certains une incitation à la révolte non pas contre
l'homme - l'homme Nicolas Sarkozy, qu'Hollande l'ait dans le
collimateur, tout le monde le comprend - mais bel et bien à l'encontre
de la fonction même de Ministre de l'Intérieur de l'Etat français ?