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Le Canard Mal-Pensant
15 décembre 2005

La grande peur du 1er tour.

Invité sur LCI, Jean-Marie Le Pen, dont on connaît le goût pour la provocation, s'est fait fort d'arriver premier devant tous ses adversaires au premier tour des élections présidentielles qui nous attendent en 2007.

Sans aller jusque là, si le P.S. ne redresse pas la barre d'ici là - et le délai serait court pour n'importe quel parti - il y a en effet de fortes chances pour que, en tous les cas, pour la première fois dans la Vème République, deux candidats de droite s'affrontent au deuxième tour.

Les sondages - mais faut-il se fier aux sondages ? - indiquent que, si beaucoup de Français continuent à estimer Le Pen excessif, ils sont de plus en plus nombreux à oser affirmer que, en dépit de tout, Le Pen pose le doigt - et depuis longtemps - sur les points sensibles.

Comme toujours, avec la gauche la plus bête du monde que nous a léguée Tonton (comme Giscard nous avait légué en son temps la droite la plus bête ;) ), les réactions sont savoureuses.

 

Enfin, pour les électeurs qui sont plutôt "à droite." Parce que, pour les électeurs traditionnellement "à gauche", je conçois que la pilule soit carrément amère.

Voici par exemple la réaction de M. Noël Mamère, ancien journaliste du service public et député vert (qui ne se présentera pas aux Présidentielles) :

"Ce sondage sur le déplacement à droite de la France est effrayant". "Il y a une certaine forme de crapulerie politique à exploiter les thèmes de l'immigration, de l'insécurité, des banlieues, pour préempter les idées de Le Pen et les banaliser", a-t-il ajouté.

 

 Donc, que l'on soit de gauche ou de droite, si l'on exprime l'opinion non de voter FN mais de vouloir vivre en paix, sans émeutes, sans voitures brûlées, sans hélicoptères militaires tournant au-dessus de chez soi la nuit, sans imams des caves faisant leurs rondes dans les quartiers et sans femmes voilées des pieds à la tête et même masquées comme celle qui se promène en toute impunité à l'école Marie-Curie de Bobigny, on est une "crapule."

C'est agréable. Merci, M. Mamère. Après cela, je ne vois vraiment pas ce que trouvez à reprocher à M. Sarkozy quand il utilise le terme "racaille." ;)

De son côté, Alain Bocquet (PCF) "ne s'étonne pas que ces idées puissent être diffusées largement dès l'instant où Nicolas Sarkozy a chaussé le costume de Le Pen du point de vue des idées et qu'il officialise et institutionnalise ses idées".

 N'en jetez plus, M. Bocquet, par pitié ! "Ces idées," comme vous les appelez, ont commencé à se diffuser très largement dès le premier septennat d'un certain François Mitterrand et ce sont elles qui, dès cet époque, ont fait basculer vers le FN les trois-quarts de l'électorat populaire du Parti communiste. A cette époque, M. Sarkozy était bien loin d'être accepté au gouvernement ...

En fait, la poussée du FN a d'abord été favorisée par l'éradication systématique à laquelle Mitterrand s'est livré envers le P.C. Puis par le laxisme démagogique de la Gauche - et surtout du P.S. - envers les "différences culturelles" comme l'intégrisme musulman (l'affaire du voile en 1989, les piscines de Lille où Martine Aubry a veillé à ce que les femmes voilées pussent venir sans croiser un seul homme, etc ...) et la polygamie.

En 2005, certes, les émeutes des banlieues et la terreur qu'auront fait régner pendant trois semaines de jeunes irresponsables, élevés dans la haine et l'échec et encadrés par de petits "caïds" braqueurs et dealers ou encore par des prêcheurs radicaux, auront permis à M. Le Pen et au F.N. de remonter dans les sondages.

Mais, plus encore, l'attitude de la Gauche toute entière face aux Français de toutes origines et de toutes sensibilités politiques qui s'inquiétaient du climat de violence instauré fin octobre. Ils avaient peur, ils se posaient des questions et qu'ont fait les gens de gauche ?

Ils les ont traités de racistes et de fascistes, ils ont pris le parti de ceux qui semaient désordre et violence. Certains, comme Maxime Grémetz, du Parti communiste, ont incité à la désobéissance civile envers le couvre-feu. Et enfin, après avoir laissé passer la loi du 23 février 2005 relative à la colonisation française sans broncher, ils se sont mis au garde-à-vous devant Bouteflika et se sont mis à hurler parce que l'on cherchait - enfin ! - à rétablir une vision impartiale de l'Histoire dans les manuels scolaires.

Aujourd'hui encore, ils réclament l'abrogation du fameux article 4 qui menace leur influence dans les écoles. Et s'ils s'attendrissent sur tous ceux qui sont tombés pour le FLN, ils oublient les harkis, les rapatriés, tous ceux qui ont perdu en Algérie des êtres qui leur étaient chers - que ceux-ci soient morts ou aient été déclarés disparus ...

Ce n'est pas la Droite qui veut refaire l'Histoire mais bien la Gauche.

Ou plutôt ceux qui, entre deux petits toasts au caviar et une coupe de champagne, entre les écoles de haut niveau où ils veillent à placer leurs rejetons et les soirées "bobo", se prétendent à gauche.

Comme ils étaient à gauche lorsqu'ils exigeaient de leurs militants (et avec quelle arrogance !) qu'ils votassent "Oui" au référendum du 29 mai 2005 ou lorsque, au lendemain de ce camouflet aussi retentissant pour eux que le 21 avril 2002, ils insultaient dans les pages de "Libé" ou l'édito de Marc Jézégabel dans "Télérama" (racheté par "Le Monde", soit-dit en passant) ceux qui, dans leurs troupes, avaient osé dire "Non !"

C'est ainsi, de faux-pas en faux-pas, de mépris de l'électeur en oubli des idéaux républicains, que la Gauche en est arrivée à ouvrir une voie royale à M. Le Pen et à ses séides. Sarko, là-dedans, n'est qu'un suiveur, en rien un novateur. Si la Gauche n'avait pas apporté tant de passion à se renier elle-même depuis vingt-six ans, Nicolas Sarkozy ne serait même pas devenu ministre.

L'Histoire est patiente : elle saura s'en souvenir.

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